Attendu que…

Édouard Philippe a donc annoncé la décision d’abandonner le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes à l’issue du conseil des ministres de mercredi dernier. Une décision prise à l’évidence au plus haut sommet de l’état bien avant son officialisation, soigneusement mise en scène pour sauvegarder les apparences d’un simulacre de démocratie. Le Premier ministre a en effet consulté à tour de bras, allant jusqu’à se déplacer dans la mairie de la commune, d’où il pouvait en effet jouir d’un point de vue imprenable sur un village en tous points semblable à des milliers d’autres, pour « se rendre compte par lui-même de la réalité du terrain ».

Je ne reviendrai pas sur le bien ou le mal fondé de ce projet d’aéroport, sur lequel les avis sont partagés, au point que l’on ne sait plus quels experts croire. J’aurais cependant aimé que le Premier ministre, et à travers lui, le président de la République explique les bonnes raisons qui l’ont conduit à changer d’avis sur ce projet, s’il en avait eu à nous exposer. Ce n’est manifestement pas le cas. L’état a-t-il abandonné le projet pour des raisons écologiques ? Pas que je sache. Souhaite-t-il une diminution du trafic aérien ? Pas à ma connaissance. Bref, la seule et unique raison pour laquelle l’état met fin à des démarches entamées depuis si longtemps, c’est qu’il ne fait pas l’unanimité. Au moment du verdict dans un procès d’assises, le président énonce d’abord les attendus. Dans ce processus, le principal attendu, c’est celui de la durée, puisque cela fait près de 50 ans que l’on a commencé à envisager ce projet aéroportuaire. Aujourd’hui, le Premier ministre évoque un « contexte d’opposition exacerbée de la population » dont je n’ai pas perçu la réalité. L’opposition existe, mais elle est plutôt militante, et j’ai la nette impression que c’est pour éviter le rapport de force, le recours à l’autorité et les risques de dérapage que le président de la République a refusé l’obstacle, au risque de ne pas pouvoir continuer à affirmer tenir ses engagements.

En sera-t-il quitte pour autant ? Rien n’est moins sûr. Dès la décision annoncée, des jusqu’au-boutistes ont déclaré qu’ils ne partiraient jamais de la ZAD et que les routes ne seraient pas dégagées, contrairement aux injonctions d’Édouard Philippe dans une tentative désespérée de sauver la face en faisant croire à la fermeté de l’état. Le prochain épisode du feuilleton montrera si la circulation peut être rétablie dans ce territoire qui échappe pour l’instant à l’autorité de l’état. L’étape suivante sera tout aussi périlleuse si le gouvernement essaie de démanteler une jungle digne de celle qui existait à Calais. À moins que la raison finisse par l’emporter et que les activistes se choisissent un autre terrain de jeux.

Commentaires  

#1 jacotte 86 19-01-2018 11:04
la dernière solution parait peu probable certains zadistes sont là depuis 30 ans , il vivent en autarcie avec tenues maraichères et petit élevage tels les soixanthuitards réfugiés dans la Bretagne profonde ou les campagnes Françaises déshéritées souhaitant le retour aux sources et qui y sont encorepour un grand nombre d'entre eux.
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