Chassez le naturiste
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 17 janvier 2018 10:33
- Écrit par Claude Séné
Il revient au bungalow ! Oui, je sais, cet à peu près aurait mérité de figurer en bonne place dans une chronique qui paraissait régulièrement dans le journal Ouest France il y a déjà quelques lustres sous le titre : « plus c’est mauvais, plus c’est bon ». C’est pourtant ce qui m’est revenu spontanément en mémoire en entendant Éric Woerth sur France Inter, me rappeler opportunément que tout n’était pas mieux avant. Le paysage politique de la droite dite « classique » est tellement dévasté que les journalistes en sont réduits à faire régulièrement appel à cet ancien ministre de Fillon et Sarkozy.
Ce qu’il y a de bien avec Éric Woerth, c’est qu’on n’est jamais déçu. Il est d’un naturel désarmant quand il s’agit d’aborder les questions qui fâchent. Et en guise de retour du refoulé, il est passé à deux doigts de livrer le fond de sa pensée concernant l’immigration, en déclarant qu’elle devait être « mépri », euh, maîtrisée. Une seule lettre vous manque et tout est dépeuplé. Alors que les associations tirent la sonnette d’alarme sur les projets du gouvernement pour aggraver la situation des réfugiés, lui, trouve visiblement que cela ne va pas assez loin. On frémit en imaginant ce qu’il envisagerait en cas d’un retour au pouvoir dont on peut espérer qu’il soit le plus lointain possible. Mise à part cette reconnaissance involontaire des aspects les plus obscurs de la force, Dark Vador, pardon, Éric Woerth, a admis sans fausse modestie que pendant la campagne de Sarkozy en 2007, en tant que trésorier du candidat, il avait généreusement distribué aux militants des sommes en liquide, qu’il avait bêtement omis de déclarer dans les comptes. Croyant minimiser son erreur, il précise qu’il ne s’agissait que de « quelques dizaines de milliers d’euros ». Grosse boulette, puisque le montant peut être compris entre 20 et 100 000 euros, ce qui est loin d’être négligeable pour un smicard ou un chômeur en fin de droits, et même pour un retraité comme votre serviteur, qui n’a pas soulevé de sabot de cheval depuis longtemps pour voir ce qui s’y cachait.
Mais pour Éric Woerth, c’est visiblement l’équivalent des pièces jaunes que l’on récolte en ce moment pour la bonne cause. C’est cette naïveté, ou cette inconscience dont il est coutumier qui choque le plus. Il est vrai qu’il a été soupçonné dans des affaires autrement plus graves, et même s’il a bénéficié d’un non-lieu dans le procès concernant la vente de l’hippodrome de Compiègne et d’une relaxe dans celui de l’abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt, il doit sa liberté à une insuffisance de preuves, plutôt qu’à la reconnaissance d’une innocence peu manifeste. Et alors ? Où est le problème ?