Arrête de pleurer Pénélope

Ce n’est plus la peine, telle Perrette, de pleurer sur le lait renversé. Celle qui aurait pu être propulsée première dame à la place de Brigitte Macron, une fonction où sa capacité de travail hors du commun aurait fait merveille, est retournée à l’obscur labeur d’une conseillère municipale dans sa bonne ville de Solesmes dans la Sarthe, où son paysan de mari possède une modeste demeure de 14 chambres baptisée château par des envieux. C’est ce mode de vie, simple et rural, qui sied le mieux à l’épouse fidèle, qui accompagne son mari en toutes circonstances, y compris dans les bains chauds d’Islande cet été, même s’il faut pour cela se dépouiller totalement des vaines tenues et des toilettes futiles.

François Fillon a tourné la page de son engagement politique. Il a fait ses adieux émouvants aux quelques membres de son microparti, Force républicaine, dont il a confié les clés à son fidèle lieutenant, Bruno Retailleau, prouvant ainsi qu’il n’était nullement en reste vis-à-vis des pratiques démocratiques de ses concurrents, que ce soit Macron à la LREM, ou Vauquiez aux LR. On pourrait croire qu’il transmet ainsi une coquille vide à celui qui devait devenir son Premier ministre. Le président de la région Pays de Loire connait bien les constructions Merlin, « cages à lapins » selon Coluche, bâties à crédit, ou juste à côté, sur la côte vendéenne, dont les ruines sont à toi au bout de 20 ans. Que nenni ! Force républicaine a été créée dans le seul but de récolter des fonds pour les campagnes électorales. Elle a engrangé plus de 3 millions d’euros pour les présidentielles, dont 1,9 million n’a pas été dépensé. Le parti de Fillon a négocié avec les LR et a partagé le magot en parts à peu près égales. Bruno Retailleau se retrouve donc à la tête d’un trésor de guerre d’environ 900 000 euros, somme non négligeable pour faire pièce à Laurent Wauquiez.

François Fillon va pouvoir se consacrer entièrement à sa nouvelle passion : gagner de l’argent à plein temps. Ce qui n’était qu’un hobby, un violon d’Ingres, voire un divertissement, va devenir l’activité principale de celui qui voulait être président à la place du président. En intégrant en qualité d’associé la société Tikehau Capital, qui gère plus de 10 milliards d’Euros, Fillon va jouer dans la cour des grands financiers, en manipulant la « real money » chère aux Américains. Il va enfin réaliser son rêve de toujours : gagner, et gagner gros. La course automobile, qu’il a pratiquée un temps, n’a été que la métaphore de la réussite sociale, qui passe par la réussite financière. À moins que la justice ne finisse par rattraper ce coureur impénitent.