Décryptage

Pour comprendre une parole, qu’elle soit politique ou non, il ne suffit pas toujours de l’entendre ou de la lire. Dans bien des cas, il est aussi important, sinon plus, de voir celui qui l’exprime. Dans un message audiovisuel, ce qui compte le plus dans l’image, c’est le son, et vice-versa. Les observateurs politiques ont beaucoup commenté les dernières déclarations de Nicolas Hulot concernant la sortie du nucléaire, qui ne pourra pas se faire dans le calendrier prévu initialement.

Si l’on se fie à la teneur du discours du ministre de la Transition écologique et solidaire, on a l’impression que c’est de sa propre initiative et en toute indépendance qu’il a décidé de renoncer à la date butoir de 2025 pour réduire la part du nucléaire à 50 % dans le mix énergétique de la France. Plus fort encore, il affirme que fermer des centrales nucléaires obligerait à conserver les centrales thermiques et peut-être à en ouvrir de nouvelles, au détriment de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais si l’on observe la photo ou la vidéo dans laquelle il fait cette annonce, on s’aperçoit qu’il n’est pas seul dans le cadre. Il est flanqué à sa gauche et à sa droite de deux personnages inconnus de mes services, une femme et un homme, parité oblige, et derrière lui, lui coupant toute retraite, se tient Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement et chargé des relations avec le parlement. L’impression générale est celle d’un prisonnier comparaissant devant ses juges et qui s’apprête à plaider coupable. Renseignements pris, les deux gardes du corps qui surveillent le ministre sont en réalité ses secrétaires d’État, Brune Poirson et Sébastien Lecornu, totalement inconnus du grand public et qui le resteront puisqu’ils n’ouvriront pas la bouche de toute l’intervention de Nicolas Hulot.

Un ministre sous haute surveillance, donc, contraint d’annoncer personnellement une décision qui ne lui appartient visiblement pas, concernant un engagement de campagne d’Emmanuel Macron, qui aurait pu avoir le courage d’expliquer lui-même pour quelles raisons il y renonçait. Sans être dans le secret des Dieux, il est facile d’imaginer que le report de la sortie du nucléaire était le prix à payer pour obtenir un arbitrage favorable dans le dossier du renouvellement de l’autorisation du glyphosate par l’Union européenne. La France refusera une prolongation au-delà de 3 ans, selon le vœu de Nicolas Hulot. La question suivante est de savoir si le président le soutiendra dans le dossier de Notre Dame des Landes et quelles concessions il lui faudra encore faire pour obtenir son appui. Nicolas Hulot s’est donné un an, mais après une indigestion de chapeaux et de couleuvres, on ne sait pas s’il tiendra jusque-là.

Commentaires  

#1 jacotte 86 09-11-2017 11:02
k j'aurai juré que celui là ne vendrait pas son âme comme quoi il ne faut jurer de rien...
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