Cours, camarade !

« Le vieux monde est derrière toi ! » C’était un des slogans de mai 1968, inscrit sur les murs de la Sorbonne, une des places fortes du mouvement étudiant. Bientôt 50 ans plus tard, le vieux monde reste l’épouvantail avec lequel le pouvoir soi-disant nouveau essaie d’effrayer le bourgeois. Au nom d’une modernité autoproclamée, il faudrait abandonner toutes les conquêtes sociales, si durement et lentement acquises. Le mouvement En Marche était supposé en finir avec les pratiques politiques d’un ancien régime sclérosé. On allait voir ce que l’on allait voir !

Et en effet, on a vu. On a vu des députés débutants, endoctrinés, manipulés, voter comme un seul homme les dispositions voulues par leur chef, le petit doigt sur la couture du pantalon, fixant la ligne bleue des Vosges, derrière laquelle l’ennemi viendra. Cette belle unanimité a parfois caché une méconnaissance des sujets, à laquelle il a fallu remédier à grand renfort de séminaires et de séances de rattrapage, y compris pour les ministres eux-mêmes, pas toujours au fait des problèmes relevant de leurs supposées compétences. Ce que leur « patron » leur demande surtout, c’est de faire profil bas, pour ne pas lui faire de l’ombre, et d’en dire le moins possible à la presse, qu’on ne peut malheureusement pas interdire. Plus le temps passe, et plus on se rend compte que la communication est verrouillée pour ne laisser apparaitre qu’une image lissée et conforme aux souhaits de l’Élysée. La majorité législative étant tenue d’une main ferme par un Richard Ferrand débarrassé de ses casseroles judiciaires, il restait à encadrer le mouvement présidentiel devenu parti politique. Et là, Emmanuel Macron ne s’est pas embarrassé de simulacre de démocratie. Il a désigné le délégué général de la République en marche avant même que les militants entérinent son choix, en la personne de Christophe Castaner, qui sera seul candidat.

Nous avons là une parfaite illustration d’une démarche bonapartiste. Le chef suprême décide de tout et promeut Maréchal d’Empire les plus fidèles de ses serviteurs. Macron a conquis le pouvoir aussi rapidement que Bonaparte l’Italie et l’Égypte. Il a installé sa cour à la tête des rouages de l’état, et nommé ses hommes liges aux positions stratégiques. Il est prêt à se battre jusqu’au dernier Français pour imposer ses visions libérales de la société, en négligeant le fait qu’à ce jeu-là, il y a de la concurrence mondiale et que nous pourrions connaitre le crépuscule de Waterloo avant même de voir le soleil d’Austerlitz. À moins que les grognons l’emportent sur les grognards et renvoient l’apprenti dictateur à son école de Brienne.

Commentaires  

#1 jacotte 86 08-11-2017 12:51
j'en rêve la nuit
Citer