Demandez le programme !

« Ceci est une révolution ». Les déclarations d’Emmanuel Macron font penser aux célèbres conférences de Steve Jobs, l’ancien PDG d’Apple, quand il venait présenter un nouveau produit. Le dernier iPhone était toujours une révolution par rapport à son prédécesseur, ce qui impliquait qu’il fallait se le procurer toutes affaires cessantes et s’empresser de jeter l’ancien, avec lequel aucune compatibilité n’était possible, selon une stratégie marketing mûrement réfléchie. Avant de se précipiter pour acheter le candidat de l’anti-système soigneusement conditionné par le système, les électeurs devraient se demander s’ils en ont vraiment besoin.

Macron a sorti un livre, il y a déjà quelques mois, avec ce titre alléchant de « Révolution ». Là aussi, c’est une révolution à la sauce Apple : on change l’emballage, on fait monter la mayonnaise avec quelques recettes sociales libérales et l’on vend le tout avec un joli ruban comme une nouveauté, forcément ultra moderne et hors de prix. Car selon les Guignols, avant d’être Bollorisés, Apple, c’est la pomme, et ses clients sont les poires. Même en cherchant bien, vous ne trouverez pas trace d’un programme dans l’ouvrage révolutionnaire d’Emmanuel Macron. C’est normal, c’est voulu. Encore aujourd’hui, le candidat de la France d’En marche refuse de livrer un ensemble cohérent de propositions, se contentant d’annoncer au compte-gouttes quelques mesures par-ci ou par-là, sous prétexte qu’un programme amène forcément à des déceptions.

Ce n’est pas faux, en un sens. On voit bien que le flou programmatique permet à Macron de ratisser large. Une pincée de modernité pour attirer les jeunes, un soupçon de mesures sociales pour ne pas dissuader la gauche, une louche de libéralisme pour rassurer la droite, secouez bien, et voilà le cocktail à déguster avec modération. Ah ! j’oubliais le plus important : la petite ombrelle et l’olive pour décorer le verre : le candidat lui-même, pour qui la politique, « c’est mystique » et qui ne dément pas avoir un côté « christique ». On pourrait croire qu’il est impossible d’être élu en ne proposant que du vent et en se gardant bien de rentrer dans le concret. Détrompez-vous. Le président du Turkménistan vient d’être reconduit à la tête de son état pour 7 années supplémentaires après 2 mandats de 5 ans. Il a obtenu 98 % des suffrages avec une participation de 97 % et je vous mets au défi de citer une seule proposition, autre que la continuation de la politique actuelle, qui ressemble de près ou de loin à un programme, lors de cette élection où il faisait face à 8 figurants totalement inconnus du grand public. Je suggère donc à Emmanuel Macron de se trouver une petite république bananière pour y satisfaire son ego.

Commentaires  

#1 jacotte 86 13-02-2017 12:18
c'est exactement ce que j'ai tenté d'exprimer hier, ce n'est plus de la politique, c'est du pur marketing , celui qui proposera le plus bel emballage a des chances d'emporter le marché!!!
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