
Encore un fusible qui saute
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 26 août 2025 11:18
- Écrit par Claude Séné

Dans le fonctionnement « normal » de la 5e république, voulu par le général de Gaulle au travers de la constitution de 1958, le président de la République se place en surplomb des partis politiques, et il nomme un Premier ministre chargé, avec l’aide de ses ministres, de « déterminer et conduire la politique de la nation ». La fonction présidentielle a été renforcée par l’élection au suffrage universel direct du chef de l’état, qui dispose de la possibilité du remplacement du Premier ministre, qui joue ainsi le rôle de fusible et permet parfois au Président de sortir de situations difficiles.
Je ne sais pas si la décision de François Bayrou de soumettre son projet de budget 2026 si contesté à la confiance des députés alors qu’il ne dispose d’aucune majorité et que ses chances de l’obtenir sont quasiment nulles relève du sacrifice ou d’une application littérale de la méthode Coué. Toujours est-il que les partis politiques n’ont pas traîné à lui fournir leur réponse, à laquelle il devait forcément s’attendre. Il y aura donc bien une session parlementaire extraordinaire dès le 8 septembre pour permettre au Premier ministre de solliciter la confiance des députés, constater que le gouvernement ne dispose pas de la majorité absolue comme pour rejeter une motion de censure, ni même relative dans ce cas particulier du vote de confiance, et présenter sa démission au Président dans la foulée. Celui-ci aura le choix entre plusieurs options, pas forcément incompatibles entre elles. Nommer un nouveau Premier ministre, voire le même, pour constituer une nouvelle équipe et présenter un nouveau budget. Dissoudre l’Assemblée nationale comme il en a à nouveau le droit, et convoquer de nouvelles élections législatives. Organiser un référendum pour tenter de remporter un scrutin et de se relégitimer. Ou encore démissionner et provoquer des élections présidentielles anticipées, comme le souhaite Jean-Luc Mélenchon.
Tout est ouvert avec un Emmanuel Macron qui joue sur les ambigüités institutionnelles pour se maintenir autant que faire se peut. Reste que le changement fréquent de fusible devrait alerter sur l’état du réseau électrique de la maison France. Si les « plombs sautent » régulièrement, c’est bien probablement qu’il y a un court-circuit quelque part ou que les fils se touchent là-haut. Tant que l’on n’aura pas éliminé la cause de ce dysfonctionnement, il y a gros à parier que le dispositif retombe en panne à la moindre alerte. Ce qu’a fait François Bayrou en devançant l’appel de la censure s’apparente fortement au comportement de Gribouille qui se jette à l’eau pour éviter d’être mouillé par la pluie. Je suppose qu’il se voit en héritier d’Henri IV, trouvant une voie de sortie pleine de panache alors qu’il est dans une impasse totale. La séance du 8 septembre au Palais Bourbon devrait ressembler à son équivalent en entreprise : un entretien préalable à son licenciement.