Clarification

Souvenons-nous. Il y a un peu plus d’un an, le 9 juin 2024, le président de la République, Emmanuel Macron, décidait de dissoudre l’Assemblée nationale, dans l’espoir que de nouvelles élections législatives naisse une majorité plus conforme à ses désirs que celle qui était issue des précédentes consultations. Selon lui, il s’agissait de « clarifier » la situation politique, et dans un sens, c’est ce qui s’est produit par l’officialisation d’une réalité que l’on pouvait pressentir sur le terrain : l’absence d’une majorité prête à soutenir l’action d’un président désavoué, malgré sa réélection personnelle. L’électorat ne lui faisait déjà plus confiance, mais voulait encore moins d’une candidate de l’extrême droite.

Comme on le sait, les législatives anticipées de juin-juillet 2024, n’ont pas donné de majorité indiscutable qui aurait permis, selon les vœux du président, de dégager un camp victorieux, fût-ce au prix d’une cohabitation, qui a fait ses preuves dans le passé. Ce résultat a permis à Emmanuel Macron de bricoler deux gouvernements successifs, fruits de compromissions consacrant la dérive lente, mais constante du macronisme vers la droite. Les mêmes causes produisant généralement les mêmes effets, il serait logique que François Bayrou se heurte aux mêmes difficultés que Michel Barnier en son temps, et que le budget 2026, qui répond à la même orientation, celle de prendre l’argent à ceux qui ne peuvent pas se défendre, soit l’objet du même rejet des forces politiques que le budget 2025. Il faut toutefois noter qu’à la différence du gouvernement précédent, celui-ci penche nettement plus à droite. Les critiques des LR sur le plan Bayrou sont plutôt modérées, et vont dans le sens d’une aggravation des mesures envisagées. C’est ainsi que Bruno Retailleau y va de sa sempiternelle demande de réserver l’Aide médicale d’état aux franco-français en s’alignant sur le Rassemblement national.

Si la censure était votée à l’occasion de la discussion du budget, le président aurait le choix, soit de procéder comme en décembre dernier en acceptant la démission du Premier ministre et en nommant son successeur, soit de dissoudre de nouveau l’Assemblée nationale, comme la loi l’y autorise désormais depuis le 9 juillet. Il existe même une troisième voie, qui ne serait peut-être pas la moins logique, qui consisterait à prendre acte que le rejet de sa politique, mise en œuvre sous son autorité par les gouvernements successifs, devrait le conduire à démissionner sans attendre le terme de son mandat, en considérant qu’il est le cœur du problème et non pas sa solution. Je suis conscient du risque élevé de précipiter l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en anticipant les échéances, mais reculer pour mieux sauter ne nous garantira pas davantage de cette catastrophe. Pour le coup, ce serait une clarification très réelle que nous devrions à ces apprentis sorciers qui nous gouvernent.