Dynastie

Dans la famille Sarkozy, je demande le fils. Enfin, le dernier fils, Louis, que, parait-il, les Américains s’arrachent, et qu’on aurait aimé pouvoir leur laisser. Oui, parce que son frère, surnommé un temps le prince Jean, semble avoir renoncé à ses ambitions politiques, tandis que l’aîné, Pierre Sarkozy, persévère dans une carrière musicale. Nous avions quitté Louis Sarkozy après une enfance instrumentalisée par son père qui l’avait utilisé à sept ans à peine dans un clip de campagne où il encourageait son père d’un « bonne chance mon papa ! » malvenu. Plus tard, adolescent reclus à l’Élysée, il trompait son ennui en lançant des billes et des tomates sur une policière.

Et le revoilà, marié et futur père de famille, nimbé d’une aura médiatique, promu spécialiste des États-Unis par les médias français, ayant son rond de serviette sur les plateaux des chaînes d’information continue. Spécialiste autoproclamé de Napoléon Bonaparte, il lui consacre un énième ouvrage qui « peine à trouver son public » selon une formule décrivant un échec commercial. Mais son ambition est ailleurs. À 28 ans, il rêve de mettre ses pas dans les pas de son père en devenant maire d’une commune huppée. Son Neuilly-sur-Seine sera Menton, sur la prestigieuse Côte d’Azur. Pourquoi Menton, sur laquelle il dit lui-même ne détenir aucune légitimité ? Il n’est Mentonnais, « ni de lignée, ni d’origine, ni de naissance, ni d’éducation », c’est beaucoup mieux, puisqu’il est « Mentonnais d’adoption ». Et moi qui croyais sottement que c’étaient les parents qui adoptaient, ou non, les enfants, j’apprends donc que c’est lui qui fait à Menton l’insigne honneur de la choisir comme terre d’élection. En bon français et depuis l’origine des scrutins de toutes natures, cela s’appelle tout bêtement un parachutage, obtenu généralement par copinage avec des appareils politiques locaux.

Lui qui a cautionné son père dans son image de papa attentionné, peut bénéficier d’un retour d’ascenseur de l’ancien président, qui lui témoigne son affection à sa manière, un peu bourrue, un peu brute de décoffrage. Louis, qui avait prévu de faire officiellement acte de candidature le 8 septembre et voulait décaler en raison de la chute imminente du gouvernement, se voyait gratifier d’un « conseil » impératif de la part de Nicolas : « tu es complètement con », maintiens, tu seras le seul. Louis en est resté baba devant tant de clairvoyance. D’un autre côté, il est assez facile à impressionner. Il dit de sa sœur Giulia qui, à 13 ans, s’exprime très librement sur les réseaux sociaux qu’elle est « une petite d’une immense intelligence » au point que « ça fait peur ». À ma connaissance, Giulia a surtout créé une polémique en défendant son père dans l’affaire Paul Bismuth, en remettant en cause une décision de justice. Allons, la relève est assurée.