
Le plus dur reste à faire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 11 septembre 2025 11:04
- Écrit par Claude Séné

La nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre ne change pas grand-chose à la situation politique de la France, toujours tiraillée par des forces contradictoires ne permettant pas l’émergence d’une majorité. Tant qu’il s’agit d’expédier les affaires courantes et d’exécuter un budget, acquis aux forceps, en remettant à après-demain ce qui aurait dû être décidé avant-hier, le bateau peut encore naviguer tant mal que bien, en écopant ce qui peut l’être et en creusant les déficits. Après tout, l’exemple vient de haut et c’est du Président de la République que nous viennent les transgressions les plus flagrantes d’un équilibre financier précaire avec les « quoi qu’il en coûte » des Gilets jaunes et du Covid.
Les choses sérieuses commencent déjà avec la préparation du budget 2026. Le nouveau Premier ministre va devoir revoir sérieusement sa copie s’il veut éviter une nouvelle censure dès son entrée en fonctions, ou au moment du vote budgétaire. Sébastien Lecornu, la voix de son maître Emmanuel Macron, le sait bien, qui a glissé comme une peau de banane à son prédécesseur, François Bayrou, qu’il comptait bien changer les options dont il hérite et pas seulement sur la forme. Coup de pied de l’âne à l’égard de celui qui lui a soufflé la place l’année dernière, ou réelle volonté de repartir d’une copie blanche ? nous le verrons assez vite. Le vote du budget sous la 5e République est l’acte politique par lequel on définit l’appartenance d’un député à la majorité ou à l’opposition. La plupart des autres lois autorisent la liberté de vote du député, mais la discipline de parti s’impose dans ce cas précis. Les choses se corsent avec la montée de l’extrême droite, proche d’obtenir une majorité relative, voire absolue, en cas de législatives anticipées.
Dans le futur projet de budget, la suppression des deux jours fériés envisagée par François Bayrou, mesure la plus impopulaire du texte de loi, devrait disparaître purement et simplement et Sébastien Lecornu envisagerait sérieusement de relancer le fameux « conclave » sur les retraites, où un compromis serait possible, selon lui. Mais la mesure la plus importante pour satisfaire à la fois les partis et le « peuple de gauche », celle qui aurait également les sympathies des mécontents qui ont tenté de bloquer le pays en signe de colère contre ceux qui nous gouvernent, consiste dans l’adoption de ce que l’on appelle la taxe Zucman, du nom de l’économiste qui la propose, ou son équivalent. Cette taxe de 2 % sur les très hauts revenus rapporterait un peu d’argent nouveau sans mettre les ultrariches sur la paille, mais serait surtout le symbole d’une volonté de justice fiscale, nécessaire au consentement à l’impôt au moment où l’on demande des efforts à tous les Français. Le pied du mur est devant nous. On attend le maçon.