Une légèreté insoutenable

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Je l’ai toujours dit, et ne comptez pas sur moi pour en démordre. Comment ça ? Quelle contradiction ? vous voulez un autre aphorisme ? Celui-ci pourrait convenir assez bien à la situation : « tel qui rit vendredi, dimanche pleurera »… eh oui, c’est seulement vendredi dernier qu’Agnès Buzyn annonçait sur France Inter qu’elle ne serait pas candidate aux élections municipales à Paris en remplacement de Benjamin Griveaux, avant de faire volteface 48 heures plus tard. Une telle désinvolture à l’égard des Parisiens et même des Français en général, a de quoi faire pleurer.

Agnès Buzyn avait expliqué qu’elle n’avait pas le temps d’être candidate, en raison du travail considérable que demandait son ministère. Au passage, on se demande comment fait, ou ne fait pas, Édouard Philippe, qui n’est, il est vrai, que Premier ministre, et mène de front sa campagne électorale au Havre. Qu’à cela ne tienne, Agnès Buzyn démissionne de son poste de ministre. C’est bien simple, on a beau chercher, il n’y a aucune règle, seulement des exceptions. On peut cumuler, ou pas. Les ministres battus ne seront pas tenus de démissionner, et les élus non plus. On s’en fout, on fait ce qu’on veut, on a tous les droits, semble le credo du clan présidentiel, même si l’on sent un début de panique devant un fiasco municipal annoncé. L’affaire était déjà mal engagée à Paris avant l’explosion en vol du candidat, alors que la REM espérait masquer la forêt d’échecs en France par un arbre isolé, un succès dans la capitale. À l’appui de sa candidature, Agnès Buzyn emploie des arguments d’une minceur stupéfiante en expliquant qu’étant née à Paris et y ayant habité de nombreuses années, elle est parfaitement qualifiée pour en devenir maire. Raisonnement du type : « je connais très bien les enfants. D’ailleurs, j’ai été un enfant moi-même ».

En attendant, il a fallu trouver un remplaçant au ministère, et c’est Olivier Véran qui s’y colle, co-rapporteur du projet de loi si controversé sur les retraites, qu’il va donc déserter lui aussi. Sans compter la crise du coronavirus qui n’a pas eu le bon goût de disparaitre par miracle pour aider le gouvernement, et les dossiers brûlants que la ministre n’a pas réussi à régler. Au premier rang desquels on trouve le malaise constant sur la situation des hôpitaux publics et en particulier les services d’urgence, à la limite permanente de la rupture. Quoi qu’en dise le nouveau ministre, des délais supplémentaires sur le traitement de ces problèmes sont inévitables, alors qu’il y a urgence absolue et que les personnels n’en peuvent plus de ne trouver aucun interlocuteur décidé à négocier avec eux.