Promesses
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 30 janvier 2017 11:01
- Écrit par Claude Séné
Il arrive fréquemment que l’on reproche aux candidats d’oublier leurs promesses une fois élus. Pour une fois, il nous faut regretter que ce ne soit pas le cas de Donald Trump. Tous les engagements que l’on croyait irréalistes, y compris aux yeux de ses propres supporters, sont en train d’être réalisés, et l’on peut imaginer qu’il ne compte pas s’arrêter en chemin, à moins que la société américaine se dresse sur sa route pour l’empêcher de mettre ses menaces à exécution.
En quelques jours, il a déjà réussi à ralentir le programme de santé mis en place par son prédécesseur, à ordonner la construction du fameux mur qu’il prétend faire payer aux Mexicains, ce qui risque de saborder de fait le traité commercial ALENA, à renoncer au traité de libre-échange transpacifique, à relancer un projet d’oléoduc nuisible à l’environnement, à couper les vivres aux ONG soutenant l’avortement, j’en passe et des pires. Et voilà qu’il s’est mis en tête de fermer les frontières aux ressortissants de certains pays musulmans sous prétexte de lutte contre le terrorisme. Une mesure idéologique honteuse, dénoncée par de nombreux dirigeants, et qui se heurte à des règles de droit qui n’ont pas encore entièrement disparu aux États-Unis. Le contre-pouvoir de la justice et celui de la presse peuvent encore exercer une certaine influence et empêcher les abus les plus criants. De telles mesures appliquées aveuglement, non seulement n’ont aucune efficacité pratique vis-à-vis des terroristes potentiels, mais aboutissent à des absurdités, telles que le renoncement du metteur en scène iranien Asghar Farhadi à participer à la cérémonie des Oscars pour ne pas être obligé de demander un passe-droit quand tout son peuple serait interdit de séjour.
Visiblement, Donald Trump tient ses concitoyens et le reste du monde pour quantité négligeable. Avec les dirigeants du monde entier, il se contente de leur parler au téléphone, menaçant d’exploser son forfait déjà bien entamé par des tweets compulsifs, à l’exception notable de Theresa May, la Britannique, bien embarrassée par ce traitement de faveur après le décret anti-immigration, qu’elle a dû se résoudre à condamner une fois rentrée à la maison. La question est de savoir combien il faudra de temps aux Américains moyens qui ont voté Trump sans forcément croire à son succès pour se rendre compte de sa dangerosité pour leurs propres intérêts. Et par voie de conséquence, quel délai sera nécessaire à la majorité républicaine du Congrès pour amender les positions extrêmes de Trump et limiter ses initiatives délirantes ? En attendant, beaucoup d’Américains ont une pensée contrite pour la malheureuse première dame, qui semble retenue en otage, ainsi que pour son petit garçon, apparemment victime de troubles compulsifs.