Carton rose !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 11 juin 2016 10:14
- Écrit par Claude Séné
Difficile d’échapper à la métaphore sportive au moment où débute l’euro de football. Si l’équipe de France a frôlé la correctionnelle tout en sauvegardant l’essentiel en remportant le match d’ouverture, on ne peut pas en dire autant du gouvernement, toujours enlisé dans les conflits sociaux, qui tente désespérément d’en faire porter la responsabilité sur la CGT pour s’exonérer de ses propres errements. Le meeting organisé mercredi à huis clos à Paris par le PS pour défendre la loi travail avec un parterre de ministres et un public trié sur le volet pour éviter la moindre fausse note, avait quelque chose de pathétique.
Il y a encore quelques années, un tel rassemblement aurait réuni bien au-delà des 500 places disponibles et il aurait fallu organiser une retransmission à l’extérieur. Cette fois, s’il y avait bien foule au-dehors, c’était celle des syndicalistes et contestataires de tout poil, soigneusement tenus à l’écart par un dispositif policier impressionnant. La réunion s’est déroulée sans anicroche ou presque, dans une salle transformée en bunker. Les dignitaires du PS ont ainsi pu se congratuler mutuellement et même ovationner la malheureuse Myriam El-Khomri, qui porte cette loi comme une croix, alors qu’elle n’a visiblement même pas la foi. La stratégie du gouvernement est simple : il s’agit de brandir l’épouvantail de la droite sénatoriale pour prétendre incarner la gauche de progrès, tout en défendant un texte de régression sociale. En s’arc-boutant sur ses positions, le gouvernement a scellé le divorce avec l’électorat qui l’a porté au pouvoir et qui ne se reconnait pas dans les mesures imposées au mépris de sa propre majorité.
Reste qu’il faudra bien sortir un jour de cette situation bloquée. Chacune des parties prétend être ouverte à la discussion, sans que rien se concrétise réellement. La porte de la ministre est ouverte, dit-elle, et la CGT demande à être reçue séance tenante. On se croirait à l’opéra quand les chœurs reprennent inlassablement « marchons, marchons » sans avancer d’un pouce. On assiste à une partie de poker menteur, dans laquelle chaque joueur tente de gonfler sa main en espérant faire caler l’adversaire par l’importance de l’enjeu, dans un coup de bluff désespéré. Il est à craindre que tout le monde y laisse des plumes, et peut-être même du goudron, car on voit mal les adversaires d’aujourd’hui se réconcilier de sitôt. Si Hollande se souvient, partiellement, de la citation de Maurice Thorez : « il faut savoir terminer une grève », il a complètement oublié le slogan « no pasaran ! » et malheureusement, ils passeront, en partie à cause de lui.
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