Ma cagnotte au Panama

Elle n’est pas blottie au fond des bois. Mes économies personnelles sont trop nettement insuffisantes pour que j’aie recours aux services du cabinet d’avocats Mossak Fonseca, dont on apprend qu’il organisait depuis le Panama l’évasion fiscale de très nombreuses personnalités au travers de sociétés offshore basées dans des paradis fiscaux. Nous n’en sommes qu’au début des révélations dans cette enquête menée par une centaine de journaux dans le monde entier, réunis dans un collectif qui a obtenu la divulgation de plusieurs millions de documents archivés par le cabinet panaméen depuis les années 70.

La pêche risque d’être fructueuse puisque de gros poissons ont déjà été sortis de l’eau. Des chefs d’État en exercice, ou leur entourage proche sont impliqués dans le scandale des « panama papers ». Des hommes politiques français, parmi lesquels on retrouve sans surprise Jérôme Cahuzac et Patrick Balkany. Des sportifs ultra-bien payés qui ne veulent pas partager leur fortune avec de moins bien lotis, comme le triple ballon d’or Lionel Messi, qui a déjà eu maille à partir avec l’administration fiscale espagnole. D’une manière générale, il semble que les clients de Mossak Fonseca se recrutaient chez tous ceux qui détiennent une certaine fortune ou une part d’influence, l’une étant souvent la conséquence de l’autre.

Ce scandale du Panama n’est pas sans rappeler la première affaire liée à la construction du fameux canal au 19e siècle. Le projet pharaonique de Ferdinand de Lesseps n’a jamais pu être mené à bien, faute de financement. Pour lever de nouveaux fonds, il fallait faire voter une loi, ce qui a donné lieu à une corruption généralisée de nombreux députés et du ministre des Travaux publics de l’époque, le tout pour aboutir à la faillite de la société et à la ruine des petits actionnaires qui avaient investi dans des obligations ne valant plus que le prix du papier. Ce que cette nouvelle affaire révèle, c’est la persistance d’une guerre sans merci entre les riches et les pauvres. Le Panama revendique son statut de paradis fiscal et considère légitime d’attirer le plus possible de clients désirant échapper à l’impôt dans leurs pays respectifs. Alors que la communauté européenne et l’OCDE nous bassinent sans arrêt avec de soi-disant règles de concurrence libre et non faussée, des états organisent le dumping fiscal au vu et au su de tous et une grande partie de la classe dirigeante profite du système quand elle ne l’organise pas directement. Le dénoncer c’est bien, le faire disparaitre sera beaucoup plus difficile.

Commentaires  

#1 jacotte 86 04-04-2016 11:09
bravo pour le titre...
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