Tout ça pour ça !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 10 février 2016 10:23
- Écrit par Claude Séné
Après nous avoir bassinés pendant des mois avec la révision qui permettrait d’introduire la déchéance de nationalité dans la Constitution, il a fallu des forceps pour obliger l’Assemblée nationale à accoucher d’un texte susceptible d’être adopté par une majorité de députés. On aimerait pouvoir dire après cela que la mère et l’enfant se portent bien, mais ce n’est pas le cas. Par son entêtement, le président Hollande a voulu forcer la main de sa majorité et n’aura réussi qu’à radicaliser la position des plus sceptiques en officialisant une fracture déjà visible avec les frondeurs et la gauche non socialiste.
Quant au bébé, on se demande si l’on a eu raison de vouloir le sauver à tout prix au lieu de le laisser filer avec l’eau du bain. Le texte définitif ne fait même plus mention explicitement du terrorisme, et élude soigneusement la question de l’apatridie, elle aussi sous-entendue. Ce qui reste ne permet pas de lutter efficacement contre ceux que prétend viser la réforme, mais pourrait, en de mauvaises mains, être utilisé pour justifier des atteintes aux libertés fondamentales. Pour couronner le tout, il aura fallu le soutien d’un « parrain » encombrant pour porter le texte sur les fonts baptismaux. La droite est aussi divisée que la gauche sur le sujet, soit par conviction, soit par opportunisme, et Sarkozy ne se privera pas de rappeler à Hollande, en cas de match retour en 2017, que c’est lui qui lui a sauvé la mise sur ce coup-là.
Et nous ne sommes pas au bout de nos peines. Le texte doit encore être voté en termes identiques au Sénat et à l’Assemblée, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne déplace pas les foules et qu’on est loin de se bousculer au portillon d’entrée. Il restera l’épreuve terminale, celle de la ratification en Congrès où il faudra une majorité des trois cinquièmes, qui n’est pas acquise d’avance. Imaginez le tableau en cas de rejet final de ce texte que beaucoup considèrent comme inutile et dangereux. Si cela devait se produire, je suggère de rentabiliser la présence des parlementaires en leur soumettant une loi qui inscrirait l’obligation d’assiduité des députés et des sénateurs dans la Constitution, en assujettissant le versement de leurs indemnités à leur présence effective lors des débats et des votes. Je suis persuadé qu’une telle disposition favoriserait indirectement le non-cumul des mandats et permettrait de redorer le blason de nos politiques, terni par les images désastreuses des travées vides pour voter un texte réputé si important.
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