Vaches maigres

Au dernier trimestre de l’année 2015, mon invitée du dimanche s’interrogeait ici même sur l’emploi du pactole généreusement octroyé par son employeur, l’état, puisque sa pension avait été grassement augmentée de deux euros et vingt-trois centimes. Telle Perrette, et son pot au lait, son esprit battait la campagne, caressant les projets les plus fous afin de dépenser au mieux cette manne inespérée. Inespérée, car la valeur de l’indice servant de base au calcul des rémunérations des fonctionnaires est officiellement gelée depuis 2010 en raison de la crise financière qui affecte notre pays.

Pour ma part, l’augmentation étant proportionnelle au montant de la rémunération, je n’avais perçu qu’un euro et quatre-vingt-seize centimes de mieux, mais ne faisons pas la fine bouche, c’est toujours bon à prendre. J’étais, ma foi, fort embarrassé moi aussi de l’emploi de cette petite fortune et j’ai décidé de me donner le temps de la réflexion en plaçant mon argent sur mon livret de caisse d’épargne. Vous me direz, et vous n’aurez pas tort, que la pente inexorable du taux de rémunération de ce placement tend vers zéro et qu’il nous faudra bientôt payer la banque pour qu’elle nous fasse l’aumône de bien vouloir accepter notre argent, mais je ne pouvais quand même pas utiliser mes précieuses économies dans des placements à risque. Bien m’en a pris. En consultant l’état de mon compte, je m’aperçois que ma pension a baissé de 13,94 € ce mois de janvier, sans un mot d’explication, naturellement. Je mène ma petite enquête, car sans me vanter, Google est mon ami, et je tombe sur un article expliquant que chaque 1er janvier jusqu’en 2020, le salaire net des fonctionnaires baissera mécaniquement pour rattraper progressivement le décalage existant entre secteur public et secteur privé sur le taux des prélèvements de cotisations pour la retraite. Oui, mais non. Je suis déjà retraité, donc je ne paie pas cette assurance vieillesse, un des rares avantages de l’âge.

Autre piste, qui ne peut être que la bonne, le désengagement progressif de la sécurité sociale qui a amené les mutuelles à devoir prendre en charge de plus en plus de prestations de santé et donc à augmenter les cotisations des assurés. La mutuelle générale de l’éducation nationale ne fait pas exception, naturellement, et il faut donc que j’en prenne mon parti. Adieu veau, vache, cochon, couvée ! Et ce n’est pas la minuscule revalorisation du point d’indice envisagée par le gouvernement qui compensera de sitôt la perte du lait renversé et le prix du biftèque.

Commentaires  

#3 Claude 02-02-2016 19:01
n'en jetez plus! merci, merci. je n'aurai pas l'indécence de me plaindre quand des gens meurent de faim, et parfois à notre porte. je voulais juste signaler en passant que les fonctionnaires ne sont pas forcément des privilégiés.
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#2 poucette 02-02-2016 17:27
moi je lui offre un petit morceau de beurre salé pour mettre dessus
et puis quelques frites surgelées de
chez Picard
et je ne lui demande pas de me remercier !!!!!
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#1 jacotte 86 02-02-2016 11:40
pauvres fonctionnaires en activité , déjà que leur salaire est en dessous des salaires du privé à qualification égale, voilà qu'on les rackette sur les cotisations retraite!! après on s'étonnera que les vocations soient en baisse.
j'ai quand même bien ri aux malheurs du web master, mais qu'il se console s'il le faut je lui paierai une partie du biftèque
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