De quoi se plaint-on ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 9 février 2024 10:42
- Écrit par Claude Séné
Cette fois, Judith Godrèche est allée au bout de sa logique en déposant une plainte en bonne et due forme contre le réalisateur Benoît Jacquot pour des « viols avec violences » s’étant déroulés alors qu’elle n’avait que 14 ans et lui la quarantaine bien sonnée. Il lui aura fallu beaucoup de courage et de détermination pour franchir le pas, d’abord de révéler une situation dont l’opinion pouvait la rendre responsable partiellement ou totalement, tant le mythe de la séduction des hommes « mûrs » par leurs victimes a la vie dure, malgré l’apparent progrès des mentalités grâce au mouvement « me too ».
La défense du cinéaste est d’ailleurs exemplaire à cet égard. Il ne peut pas nier l’évidence, qu’il a profité de sa situation d’autorité morale et professionnelle pour vivre en couple avec cette jeune fille de 25 ans sa cadette et mineure de moins de 15 ans. Pour un peu, il s’en vanterait, rejetant tous les torts sur elle, au mépris de la loi, en prétendant que c’est elle qui était « excitée » par cette situation de fait. La loi sur le consentement est pourtant très claire désormais, puisqu’il est réputé inexistant en dessous de 15 ans, du moment que le majeur a plus de 5 ans de plus que le ou la mineure. Benoît Jacquot ne cache pas son penchant pour les très jeunes filles, allant même jusqu’à théoriser la stimulation bienfaisante sur les capacités créatrices engendrées par ces relations obtenues par influence, alors qu’il ne s’agit en l’occurrence que d’un passage à l’acte sur des pulsions de pédocriminalité, qui n’ont rien de glorieux. Une fois la première plainte déposée, Judith Godrèche a également dénoncé les agressions sexuelles dont elle a été l’objet de la part de Jacques Doillon sur le tournage de « la fille de 15 ans », qui était son âge à l’époque.
Ce qui nous amène à constater que les pratiques de cette nature ont été monnaie courante et le sont peut-être encore aujourd’hui, sans que la société et le milieu du cinéma semblent s’en émouvoir plus que ça. En effet, deux autres actrices se sont également plaintes du comportement de Jacques Doillon, qui aurait tenté d’abuser de la situation et de son autorité. On a désormais la sensation très nette que les faits dénoncés de viols ou d’agressions sexuelles ne sont pas des dérapages, mais une sorte de règle non écrite permettant aux plus forts d’exercer une sorte de droit de cuissage, principalement sur les comédiennes les plus jeunes, donc les plus vulnérables. Les exemples ne manquent pas depuis l’affaire Weinstein et même avant. Citons pêle-mêle pour des faits avérés ou non, Roman Polanski, Woody Allen, Gérard Depardieu, Christophe Ruggia, Nicolas Bedos, Luc Besson. Les plaignantes ne veulent pas être plaintes, mais qu’on leur rende justice.
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