L’état de l’Union

Aux États-Unis, c’est le discours prononcé tous les ans par le président en exercice pour présenter son programme pour l’année en cours aux deux assemblées, la Chambre des représentants et le Sénat. Ce qui s’en rapproche le plus en France, c’est la déclaration de politique générale du Premier ministre au moment de sa prise de fonction, et c’est donc à cet exercice périlleux que Gabriel Attal a dû se livrer hier. Ce qui en ressort de plus clair, c’est qu’il aurait mieux fait de ne pas prendre la parole tant que la crise ouverte avec le monde agricole restait dans une phase aigüe de désaccord, ôtant toute crédibilité à son catalogue de mesures partielles, très en dessous des enjeux de la période.

Première difficulté, c’est le président lui-même qui a coupé l’herbe sous le pied du supposé chef d’une majorité introuvable en détaillant ses orientations au cours d’une conférence de presse, ne laissant au Premier ministre que les miettes de l’orchestration d’une partition déjà écrite. Emmanuel Macron aurait pu reprendre les mots de Sarkozy à propos de Fillon : « je décide, il exécute ». Deuxième problème, et non des moindres, celui de l’état de l’Union, précisément, qui n’est guère brillant. Ce n’est pas le débauchage de Rachida Dati pour un contrat à durée déterminée, en attendant les municipales, qui pourra masquer l’étiolement d’une coalition de plus en plus bancale, penchant tellement à droite qu’elle devra fatalement y tomber tôt ou tard. Un symptôme du malaise grandissant réside dans l’incapacité à nommer les ministres et secrétaires d’État, supposés faire tourner la baraque. À se demander s’il n’y aurait pas une crise des vocations devant un désastre annoncé en 2027, préfiguré par une déroute probable aux élections européennes de juin prochain.

Le discours de politique générale de Gabriel Attal ne pouvait donc pas répondre aux interrogations des Français, et notamment à celles des paysans, faute de grain à moudre. Rien de décisif dans les mesures envisagées, rien qui puisse calmer une grogne grandissante des agriculteurs. On en reste à un dialogue de sourds qui fonctionne uniquement dans un sens vertical, alors que la situation exige de toute évidence que les interlocuteurs soient placés dans un dialogue constructif, sur un pied d’égalité. Toutes ces manœuvres dilatoires du pouvoir ne semblent avoir comme objectif que de gagner du temps, ce qui est aberrant, car la situation ne peut dans ces conditions qu’empirer, et le peu de confiance des Français s’effriter encore davantage. La seule sortie possible c’est une négociation directe avec des engagements du pouvoir sur une politique agricole lisible sur plusieurs années, et le plus tôt sera le mieux. Que le Président et le Premier ministre cessent de faire les jolis cœurs en mettant les mondanités entre parenthèses, et se concentrent sur ce pour quoi ils ont été nommés : une amélioration de leur vie pour les Français.

Commentaires  

#1 jacotte86 31-01-2024 12:17
les taxis s'en mêlent, les enseignants vont faire grève les routiers grommellent Manu qu'est ceci ? une révolte ?Non BiBi peut être une révolution!!!!
Citer