Regrets éternels

C’est une épitaphe lue souvent sur les pierres tombales, s’ils sont sincères, ils signifient qu’ils seront insurmontables après la perte de celui ou celle à qui on les adresse, entravant la possibilité de créer et de vivre autre chose !

C’est sûrement la forme la plus aiguë de ce sentiment qui nous anime après la perte d’un bien, d’une personne, d’une situation… Fort heureusement, les regrets qui nous habitent sont plus légers, ils sont dus à une contrariété, un déplaisir, causés par quelque chose que l’on déplore, la non-réalisation d’un désir, d’un souhait. Cela peut être aussi de la mélancolie d’avoir perdu un état émotionnel qui fut ressenti et qui n’est plus, face à une situation passée sur laquelle nous n’avons plus aucun contrôle.

Il est rare que l’on puisse comme dans la chanson s’écrier « non, rien de rien, non je ne regrette rien… ». Et même si les regrets peuvent sembler être des émotions négatives, ils font partie de ce qui a constitué notre vie, ils ont souvent été la cause de son orientation.

Le passé n’est que le poids de nos souvenirs, de nos regrets, de nos remords, de nos obsessions, mais c’est cela même qui est à l’origine de tous nos rêves d’avenir.

Ils peuvent s’effacer si la vie nous apporte la preuve que la décision regrettée était la bonne !

« La vie doit être vécue en regardant vers l’avenir, mais elle ne peut être comprise qu’en se retournant sur le passé » Kierkegaard

De même que les serpents se défont de leur peau, nous devons constamment nous défaire de notre passé. Il apparaît donc très constructeur et salvateur de regarder en face tous les regrets qui nous habitent pour faire la paix avec son passé. Je ne parle pas bien sûr de ce que j’appellerai les « regrets véniels » du quotidien : « je regrette de ne pas avoir écouté la météo, mon parapluie me manque » non, je parle de ces regrets qui occupent toutes les sphères de notre vie, amicale, professionnelle, familiale, amoureuse… Ils peuvent s’effacer si la vie nous apporte la preuve que la décision regrettée était la bonne ! « J’ai bien fait de… »

Si l’on prend acte de leur présence, on peut s’en libérer, alors ils peuvent devenir de précieux alliés pour passer à l’action.

Il ne faudrait pas confondre les regrets et les remords, même si tous deux se réfèrent à une action passée.

Les remords sont des vives douleurs morales causées par la conscience d’avoir mal agi, ils sont source de honte et de souffrance et génèrent un sentiment de culpabilité, on peut se pardonner nos regrets, difficile de se pardonner les chagrins, les dommages causés à autrui, qui auraient dû être évités.

Le verbe avoir se conjugue différemment avec les remords ou les regrets, avec les regrets on dit « si j’avais su, si j’avais pu… » avec le remords c’est « j’aurais dû, je n’aurais pas dû, j’aurais pu… »

On ne peut pas rattraper les regrets, mais ils peuvent nous servir de tremplin, les remords quant à eux sont heureusement réparables !

À bon entendeur

L’invitée du dimanche