Comment peut-on être anglais ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 18 mai 2015 10:36
- Écrit par Claude Séné
Je sais que les « rosbifs » retournent volontiers le compliment aux « froggies », les mangeurs de grenouilles, mais je me demande sincèrement ce que nous avons de commun avec nos amis héréditaires d’outre-Manche. Déjà, il me parait surréaliste qu’un pays qui s’apprêtait à voter pour ou contre un premier ministre qui ne promettait rien moins qu’un référendum sur l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’Union européenne, une décision de la plus haute importance, se désintéresse à peu près totalement de l’élection pour se passionner pour la naissance d’un deuxième bébé royal et le choix de son prénom.
C’est peut-être la raison de la faillite totale des sondages, qui avaient largement sous-estimé la victoire écrasante des conservateurs de David Cameron. Une autre curiosité, c’est d’ailleurs la position des travaillistes, qui ne se sont jamais remis de l’épisode Tony Blair, dont la politique n’aurait pas déparé un gouvernement libéral en France. À cette occasion, on a pu s’apercevoir que les différences entre partisans du Labour ou des Tories étaient moins importantes que la défense des intérêts du pays. Depuis que Margaret Thatcher a imposé au reste de l’Europe le remboursement du chèque que doit faire chaque année le Royaume-Uni, en échange de son maintien dans la communauté, qui lui permet de bloquer tout ce qui déplait à Washington, le sentiment anti-européen n’a cessé de progresser.
Plus précisément, nos amis anglais ne sont pas hostiles à l’idée d’appartenir à un ensemble plus vaste et plus puissant économiquement, qui offre des débouchés à l’industrie nationale, à condition que l’Europe ne leur impose aucune contrainte. L’exemple des migrants est révélateur à ce sujet. Une grande partie de la presse met en doute la réalité des menaces qui frappent les candidats à l’entrée sur le territoire européen, l’espace Schengen auquel ils n’adhèrent pourtant pas et attribue leur venue à l’attrait de l’argent facilement obtenu grâce à une politique sociale trop généreuse à leur goût.
Si David Cameron tient son engagement de consulter les Anglais sur le maintien de la Grande-Bretagne dans l’Union Européenne, le résultat ne fait guère de doute, mais il est permis de se demander si ce serait une mauvaise nouvelle. L’inflation constante du volume de la communauté au détriment de sa cohésion, de plus en plus faible, nous a amenés à un ensemble presque ingérable et éloigné des citoyens. La sortie du Royaume-Uni pourrait provoquer un choc salutaire.
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