Les codes ont changé

Au moment où les Français se demandent à quelle sauce ils vont être mangés, si, quand et comment ils vont devoir encore se barricader dans un nouveau confinement dont personne ne semble pouvoir mesurer l’efficacité, les messages officiels, qu’ils viennent des politiques au pouvoir comme des autorités sanitaires, n’auront jamais été plus péremptoires et contradictoires. Les quelques certitudes sur lesquelles nous croyions naïvement pouvoir nous appuyer sont désormais battues en brèche, et nous savons moins que jamais à quel saint nous vouer.

J’en prendrai quelques exemples, faute de pouvoir en dresser un tableau exhaustif. Depuis le début de la pandémie, les consignes officielles sur les fameux « gestes-barrière », en dépit d’une appellation très mal choisie, semblaient immuables. Eh bien, non. Un mètre de distance serait devenu insuffisant, comme le yoghourt qui se périme dans la nuit de sa Date Limite de Consommation au frigo. Nous vivions donc dangereusement sans le savoir depuis une bonne année, croyant être à l’abri derrière notre masque en tissu, parait-il trop perméable aux postillons, gouttelettes ou aérosols. Et ce n’est pas tout. Si quelqu’un avait l’idée saugrenue d’adresser la parole à son voisin dans le métro, il lui ferait courir un danger mortel. Sans parler d’un rire franc et joyeux, dont le risque est toutefois pratiquement nul, vu la gaîté environnante dans les transports en commun.

Les incertitudes sont telles qu’aucun dirigeant n’est en mesure de présenter une argumentation incontestable justifiant le recours à telle ou telle mesure, ou permettant de dresser un état des lieux reconnu par tous, sur lequel s’appuyer pour définir une stratégie. Qu’il soit ministre, épidémiologiste, médecin, bardé de diplômes ou fort d’une longue expérience, la seule justification à l’appui des règles suggérées, c’est un argument d’autorité. Et, malheureusement, les autorités se contredisent constamment. Pas plus tard que ce matin, la présidente de la Haute Autorité de santé évoquait la pénurie de vaccins, comme une évidence que tout un chacun connaissait, à partir du moment où l’on comparait la production, les commandes de l’Union européenne et les objectifs de vaccination. Et cependant, Olivier Véran, ministre de la Santé, affirmait pour sa part que les vaccinations allaient s’accélérer et protéger « tous les Français » avant la fin du mois d’août, alors que nous avons passé péniblement le cap du million de doses administrées. Dans son enthousiasme, le ministre a même annoncé 70 millions de vaccinés sur 66 millions de Français. De qui se moque-t-il ? Ce gouvernement a bien de la chance d’avoir affaire à une population remarquablement docile et compréhensive, bien aidée en cela par la peur que suscite légitimement ce virus « diabolique » selon le terme du professeur Delfraissy. La Hollande, réputée moins frondeuse que la France, démontre qu’une situation de frustration peut rapidement dégénérer avec ses manifestations violentes contre le couvre-feu imposé depuis peu.

Commentaires  

#1 jacotte 86 25-01-2021 11:31
Patrice Pelou craint "une émeute " lors de l'attente des vaccins!! la patience de nos concitoyens à des limites même si la violence ne résout rien on peut la trouver légitime...
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