Initiative parlementaire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 3 mars 2015 11:32
- Écrit par Claude Séné
Le moins que l'on puisse dire c'est que l'initiative de quatre parlementaires de se rendre en Syrie et pour trois d'entre eux de rencontrer Bachar El Asad, n'a pas fait l'unanimité. Du côté du pouvoir, la condamnation a été sans ambiguïté, même si Laurent Fabius a admis du bout des lèvres avoir été informé de cette démarche, sans toutefois la cautionner. Du côté de l'opposition, les réactions n'ont pas été plus enthousiastes, la palme revenant à Sarkozy, toujours dans l'élégance, qui les traitait de « gugusses ». Il est certain que par certains égards, cette visite fait penser à d'autres actions plus ou moins bien préparées, telles que celles de la fameuse association « l'arche de Zoé » qui avait voulu « sauver » de prétendus orphelins sans véritables autorisations.
Les quatre parlementaires, deux députés et deux sénateurs, un centriste, un socialiste et deux UMP, étaient membres de l'association d'amitié France-Syrie, et à ce titre on peut leur faire crédit de leurs bonnes intentions. Ils ne pouvaient toutefois pas ignorer qu'ils risquaient de mettre leur pays dans l'embarras en donnant l'impression d'un rapprochement avec un régime pour le moins contestable. Jean-Pierre Chevènement en son temps avait préféré démissionner de son poste ministériel en raison du désaccord qui l'opposait avec le reste du gouvernement sur la question irakienne. « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça s'en va » avait-il déclaré.
Reste le fond de la question. Le dictateur syrien serait-il devenu moins infréquentable depuis que l'état islamique a gagné du terrain ? Certains, comme Paul Quilès, ancien ministre de la défense sous Mitterrand se posent la question. Le scénario libyen pousse en effet à la réflexion. Le départ et la mort de Khadafi ont certes libéré le pays d'un régime autoritaire détestable, mais les conditions de la transition démocratique n'ont pas été remplies et le chaos menace entre des factions armées contradictoires et une percée des islamistes. La Syrie n'est pas très éloignée de cette situation. Il ne suffira pas de chasser Bachar El Asad du pouvoir, à supposer que cela soit possible, pour ramener la paix dans cette région qui englobe également le Liban, l'Irak et une partie des pays voisins.
Faut-il pour autant conforter le régime en place, qui se réjouit de la visite des parlementaires français, je ne le pense pas. Si l'état n'a pas à dicter leur conduite aux élus de la nation, ils devraient être suffisamment responsables pour ne pas engager leur pays sur les voies de l'aventure.