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Si on ne peut même plus plaisanter…
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 16 novembre 2019 10:17
- Écrit par Claude Séné
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La chaine d’information LCI organisait mercredi dernier un débat sur le thème de la liberté d’expression et avait eu l’idée saugrenue d’y convier Alain Finkielkraut, qui s’est fait connaître du grand public par ses vociférations pour faire taire ses contradicteurs, dont il ne supporte pas les interruptions, ni, visiblement, les opinions. Égal à sa réputation, le philosophe s’est livré à une apologie ironique du viol, en feignant d’en recommander la pratique pour discréditer ceux, et surtout celles, qui le dénoncent.
En s’écriant : « Violez, violez, violez ! Je dis aux hommes : violez les femmes. D’ailleurs, je viole la mienne tous les soirs ! » Alain Finkielkraut ne pouvait pas manquer de savoir qu’il agitait un chiffon rouge devant les féministes sur le plateau et même toute personne dotée de bon sens. David Pujadas, qui animait le débat, a tenté en vain de déminer le sujet en précisant qu’il s’agissait de second degré, ce qui démontre à l’évidence qu’on pouvait aussi le comprendre au sens littéral. Le passé d’Alain Finkielkraut n’incite d’ailleurs pas à le comparer à un humoriste. Quand Coluche faisait un sketch sur ce sujet scabreux, « on est bien gentil de la violer, Monique », tout le monde savait que c’était pour rire et qu’il ne se serait jamais permis le moindre geste équivoque dans la réalité. Alors que tout le discours d’Alain Finkielkraut précédant cette sortie, vise en réalité à discréditer les féministes en laissant entendre qu’il y a beaucoup d’exagération dans les dénonciations, ce qu’il appelle « la culture du viol ». Sa phrase provocatrice ne vise pas en réalité à faire réfléchir ceux qui l’entendent, ou à leur faire prendre conscience d’un problème, mais à clouer le bec de tous ceux qui pourraient être en désaccord avec lui. S’il s’agit d’humour, il ne fait pas rire les principales intéressées. C’est ce que Freud appelait de l’humour offensif, dont les plus belles perles se nourrissent de l’antisémitisme.
La langue française est suffisamment nuancée pour permettre l’expression de pensées complexes, et le second degré en est une manifestation pouvant procurer un certain plaisir intellectuel, mais il est des circonstances où il n’est pas de mise. Alain Finkielkraut n’est pas un professionnel de l’humour et cela se ressent. La vidéo tirée de cet incident tourne en boucle sur les réseaux sociaux, mais cela ne contribuera pas à la gloire de l’essayiste, dont beaucoup réclament le bannissement des antennes, au même titre qu’Éric Zemmour. Je doute qu’Alain Finkielkraut goûte les blagues sur la Shoah, à laquelle il a consacré plusieurs ouvrages. Cela devrait l’inciter à plus de mesure dans ses propos.