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Plus c’est gros
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 24 août 2019 10:27
- Écrit par Claude Séné
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Plus ça passe. On se souvient du gros mensonge du jeune Antoine Doisnel dans le film de Truffaut, les quatre cents coups, qui déclare sans broncher au directeur de l’école que s’il est en retard, c’est parce que sa mère est morte, s’attirant instantanément la bienveillance et la commisération de l’enseignant, tout gêné de son manque de tact bien involontaire. L’élève Jaïr Bolsonaro a encore des progrès à faire pour approcher, sinon égaler son modèle dans le mensonge organisé. Il coche bien la case culot et imagination débordante, mais il lui manque l’accent de vérité d’un bon menteur.
Le Pinocchio à la tête du Brésil a bien du mal à convaincre de sa bonne foi quand il accuse les ONG écologistes d’allumer volontairement des feux dans la forêt amazonienne dans le seul but de lui nuire parce qu’il leur a refusé des subventions. C’est effectivement énorme, mais, à part quelques irréductibles partisans aveugles du président d’extrême droite, personne ne peut imaginer un instant qu’un tel scénario puisse être plausible. Ce qui apparait de plus en plus clairement c’est que l’augmentation de 84 % des incendies d’origine criminelle depuis son accession au pouvoir est imputable directement à la politique suivie par le nouveau pouvoir et qui aboutit à une déforestation massive de l’Amazonie, pour le plus grand profit des groupes privés qui le soutiennent. Alors que le Brésil est signataire des accords de Paris à la COP 21, visant à limiter le réchauffement climatique, et que le nouveau président s’était engagé personnellement à respecter ces objectifs, non seulement les promesses ne seront pas tenues, mais la situation globale va empirer du fait de la disparition progressive du poumon de la planète.
Le président Macron, qui s’était montré bien naïf en croyant sur parole son homologue brésilien, s’est décidé à dénoncer son attitude, et il en profite pour refuser de ratifier le traité entre l’Amérique du Sud et l’Union européenne. Ce en quoi je ne saurais lui donner tort, pour des tas d’autres bonnes raisons, en dehors de la sienne, qui consiste à bouder parce qu’on l’aurait trompé à l’insu de son plein gré, lui aussi. Et surtout, cette décision m’intéresse bougrement, parce qu’elle prouve que les accords internationaux, même s’ils ont pu paraitre avantageux à un moment, ne sont pas gravés dans le marbre. Je ne vois donc pas ce qui empêcherait la représentation nationale d’examiner de nouveau le fameux accord avec le Canada, qui n’offre pas plus de garanties que celui du Mercosur, dénoncé par Macron. Mon petit doigt me dit que la majorité de la majorité serait toute prête à changer son fusil d’épaule, après avoir défendu mordicus le CETA, pour peu que le chef leur suggère que Trudeau n’est pas plus fiable que Bolsonaro. Et l’impossible deviendrait alors possible.