Mais que fait la police ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 18 août 2018 10:39
- Écrit par Claude Séné
À cette inquiétante question, Coluche répondait : « elle fait ce qu’elle peut, pasque, si elle faisait ce qu’elle voudrait, elle ferait rien ». Et parfois on se demande si ça ne serait pas mieux. Que penser en effet de l’attitude de ce policier qui a jugé indispensable de forcer un conducteur de scooter à pourchasser un automobiliste qui refusait de se soumettre à un contrôle routier dans Paris, lui faisant ainsi prendre des risques, pour finalement abattre le fuyard avec son arme de service ?
Une affaire qui en rappelle une autre. Récemment, c’est un tir « accidentel » qui a causé la mort d’un autre automobiliste à Nantes, entraînant des nuits d’émeute urbaine dans les quartiers dits sensibles. Dans un cas comme dans l’autre, les forces de l’ordre ont considéré que se soustraire à un contrôle routier constituait en soi la mise en danger de la sécurité d’autrui, et qu’il était légitime d’utiliser tous les moyens, y compris des armes à feu, pour forcer un véhicule à s’arrêter, du fait qu’il devenait une arme par destination, au même titre qu’un couteau de cuisine pour menacer quelqu’un. C’est en effet la légitime défense qui a été invoquée dans les deux cas, avant que dans l’affaire de Nantes, le CRS reconnaisse avoir menti et admette avoir tiré involontairement. La course poursuite de Paris mardi dernier semble illustrer un comportement s’apparentant plus à un western ou à un film de gangsters américain qu’à l’exercice serein du maintien de l’ordre. La jeunesse du policier parisien, âgé de 23 ans, et son inexpérience relative pourraient être un facteur explicatif sinon une excuse, mais le CRS de Bergerac détaché à Nantes avec sa compagnie était supposé expérimenté avec son grade de brigadier-chef et ses cinquante ans.
Il faut bien admettre que les choses ont changé depuis l’adoption du nouvel article du code de la sécurité intérieure en février 2017, qui a élargi le cadre de la légitime défense. Elle est devenue une présomption automatique à moins de preuve évidente du contraire. Le résultat en a été immédiat avec une augmentation de 50 % des tirs par des policiers en 2017. Et dans les cas impliquant des véhicules, l’augmentation est également importante, puisqu’elle atteint pratiquement un tiers de plus. Les policiers réclamaient un élargissement des conditions de la légitime défense. Ils l’ont obtenu, mais je ne suis pas sûr que cet accroissement de leur responsabilité leur donne plus de sérénité, peut-être même au contraire, car il faut assumer de donner la mort, même si l’on estime avoir de bonnes raisons de le faire. C’est une situation que je ne leur envie pas. Et je ne suis pas persuadé que la société soit mieux protégée pour autant.