Éclipsé !

Éclipsé, votre serviteur qui se faisait une joie d’observer la plus longue éclipse de Lune du siècle et qui pensait admirer longuement la lune rousse, expression que je préfère nettement à celle de lune de sang, dont la connotation morbide n’échappera à personne et la rattache aux légendes voulant que certains criminels en série passent à l’acte lorsque l’astre satellite se montre dans toute sa splendeur. Plein d’espoir, je me postai à mon vasistas préféré, d’où je peux voir régulièrement la lune dans tous ses quartiers, et là, patatras ! rien, nib, nada, pas le moindre rayon, ni rouge, ni vert, que dalle !

Ce n’est pourtant pas faute de nous l’avoir bien vendue, cette satanée éclipse, à tous les journaux télévisés et jusqu’au moindre bulletin d’information. Si vous n’étiez pas au courant que la Terre, alignée sur son satellite et sur le soleil, allait projeter son ombre sur la Lune pendant près de 2 heures, mais que nous verrions quand même la surface grâce à la lumière diffractée ou réfractée, je ne sais plus, c’est que vous venez vraiment d’une autre planète. Tiens, Mars par exemple, dont on nous promettait la vision sous forme d’un point rouge très brillant. « Alas, poor Yorik », comme dirait Shakespeare à son crâne préféré, encore eût-il fallu déjà que nous vissions l’objet céleste plus gros auprès duquel nous étions supposés le trouver. Alors que je croyais naïvement que le soleil avait rendez-vous avec la lune et que j’attendais que le premier daigne se coucher pour laisser entrevoir la seconde dans tout l’éclat de sa beauté, la lune était déjà à l’eau et presque tombée dans le caniveau, où elle se serait perdue corps et biens.

Car les scientifiques du dimanche qui nous ont bassinés jeudi et vendredi en nous promettant monts et merveilles, avaient omis un léger détail, dont les météorologues nous avaient cependant promis la venue : le choc des masses d’air de différentes provenances occasionnant la formation de nuages et la survenue d’orages formant écran entre nos yeux fatigués de scruter la voute céleste et le ciel. Ils auraient dû s’inspirer des affiches de corrida qui annoncent les courses à venir en utilisant la formule traditionnelle que je traduis pour les non-hispanophones : « à cinq heures du soir, et si le temps le permet ». Évidemment, je pourrais me consoler en me disant que ce n’est que partie remise, et que la prochaine fois j’aurai plus de chance, mais il faut attendre 18 ans et je crains de ne pas avoir la patience. D’ailleurs, si ça se trouve, j’aurai piscine.

Commentaires  

#1 jacotte 86 28-07-2018 11:38
et moi le mont blanc
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