Le silence de l’agneau

Vous connaissez la fable. L’agneau y symbolise l’innocence même de celui qui n’y est pour rien, qui n’était même pas né, à qui l’on fait l’injuste procès de le rendre responsable d’évènements dus à la fatalité ou je ne sais quel fléau extérieur. Confronté à la meute de loups politiques et médiatiques, alléchés par le trouble de l’onde pure provoqué par l’affaire Benalla, le président Macron a choisi la stratégie de l’innocent, tellement étranger à tout cela qu’il en oublie de se défendre et garde un silence prudent.

Il faut dire que le mal est fait et qu’il ne dispose plus d’aucune bonne solution. Charger Alexandre Benalla, qu’il a nommé personnellement à son poste et qui fait partie de sa garde rapprochée, revient à reconnaître qu’il a mal placé sa confiance et écorne son image de président omniscient et irréprochable. Le soutenir publiquement est tout aussi impossible, étant donnée la gravité des faits reprochés à son chargé de mission. Il y avait un créneau, une fenêtre de tir possible, immédiatement après les faits, le 2 ou le 3 mai, avant que le scandale arrive et que l’opinion soit indignée par les vidéos compromettantes montrant les violences inadmissibles de Mr Benalla et de ses complices. Ni le ministre de l’Intérieur ni le président de la République n’ont alors jugé bon de sanctionner l’auteur de ces faits à la hauteur qui convenait. Ils ont préféré étouffer l’affaire en croisant les doigts pour qu’elle se découvre le plus tard possible et espérer que les Français s’en désintéressent. Emmanuel Macron a laissé passer l’opportunité de se draper dans sa dignité outragée et de limoger solennellement son collaborateur « dès qu’il a été mis au courant des faits ». C’est maintenant trop tard.

Comment parler quand on ne peut rien dire et que tout ce que l’on peut déclarer est susceptible de se retourner contre soi ? Les évènements et les révélations se succédant bon train, il est imprudent de faire des déclarations susceptibles d’être démenties par les faits, tout en se gardant de fournir des informations à charge encore ignorées du grand public. Et voilà pourquoi votre président est muet ! Enfin, presque. L’omerta a été brisée par des confidences savamment distillées en provenance de « l’entourage » du président. On ne peut pas imaginer une seconde que ces « indiscrétions » aient été révélées sans l’aval de l’omni président dont la communication est soigneusement verrouillée. Ce verbatim officieux risque de se révéler très insuffisant pour convaincre l’opinion de l’exemplarité de cette République en marche qui devait rompre avec les pratiques du passé et qui se révèle encore plus opaque que les précédentes.

Commentaires  

#2 poucette 23-07-2018 19:05
j'ose avouer que je bois du petit lait....la révision de la constitution va attendre des jours meilleurs
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#1 jacotte 86 23-07-2018 11:42
il y a des agneaux noirs! Fmur* en a illustré un dans ses bd , Romuald serait un nom qui pourrait convenir à Macron( voir le génie des alpages)
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