État de la désunion
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 9 juillet 2018 10:33
- Écrit par Claude Séné
À la question : « quel est le contraire du Progrès ? », les petits écoliers américains répondent en chœur : « le Congrès », démontrant naïvement un antiparlementarisme primaire entretenu par les adultes. En voulant singer nos cousins d’Outre Atlantique, le président français ferait bien de s’interroger sur l’intérêt de transposer les us et coutumes de la première puissance mondiale, dont l’histoire et la géographie ont façonné des pratiques qui lui sont propres. S’il est de bon ton aux États-Unis que le président fasse un discours sur l’état de l’Union, rien n’oblige le président français à en faire de même.
Emmanuel Macron a le chic pour faire des promesses que personne ne lui réclame. Il s’est engagé l’an dernier, en se livrant à ce premier exercice devant la représentation nationale, à renouveler la cérémonie tous les ans. Au prix où ça coûte, je crois que les Français, s’il avait daigné les consulter, auraient poliment décliné l’invitation. L’an dernier, la réunion du Congrès à Versailles avait coûté près de 300 000 euros et la facture devrait être aussi salée cette année. Tout ça pour se livrer à un exercice d’autosatisfaction s’apparentant clairement à une pratique de satisfaction en solitaire, où il semble bien être le seul à prendre plaisir. Au nom de la séparation des pouvoirs, le président quittera la salle pendant que les responsables de groupes parlementaires lui répondront, et aucun vote ne viendra sanctionner la déclaration du chef de l’état. Il faudrait savoir. Si les pouvoirs sont réellement séparés, le président n’a rien à faire dans ce lieu. Il ne manque pas de canaux pour expliquer son action à l’opinion publique, qui commence d’ailleurs à n’y croire que très moyennement si l’on en juge par les derniers sondages.
Cette réunion du Congrès tombe en effet en plein milieu d’une séquence difficile pour le pouvoir en général, et le président Macron en particulier. Plus des deux tiers des Français jugent son action non seulement injuste, mais aussi inefficace, ce qui est pire pour un ardent laudateur du pragmatisme comme se veut Emmanuel Macron. Il me semble qu’en misant sur le faste et la solennité du palais de Versailles pour redorer son blason, Macron commet une nouvelle erreur. Je pense qu’il est à contretemps. Autant, dans l’euphorie d’une victoire électorale, le décor du Louvre pouvait ajouter au prestige d’un monarque républicain, comme les Français les aiment parfois, autant la dépense superflue en quête d’une vaine gloriole dans une période de vaches maigres qui s’annonce, où le contribuable et l’automobiliste vont devoir sortir le porte-monnaie, apparait comme une faute de goût. Tôt ou tard, il faudra payer le prix de la désunion.
Commentaires
à une autre on va pouvoir compter les points