Le ministre et la call-girl
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 29 janvier 2018 11:46
- Écrit par Claude Séné
Un jeune futur ministre allait se désaltérant dans le courant d’une onde pure. Il exerçait les fonctions de chargé de mission sur les questions juridiques au sein de sa formation politique, l’UMP. Il fit la connaissance d’une louve, ancienne call-girl, qui s’estimait lésée par une décision de justice dans une sombre affaire qui l’opposait à son compagnon, et pour laquelle elle avait écopé d’une peine avec sursis et 15 000 euros de dommages et intérêts. Pour quelque obscure raison, elle était persuadée que la demande de révision de son procès serait accélérée si elle obtenait le soutien du parti au pouvoir.
Olga, alias Sophie, se met donc en devoir de solliciter le parti en question, dont elle est sympathisante, et rencontre un certain Gérald Darmanin, qui lui tient à peu près ce langage : « que vous êtes jolie, que vous me semblez belle, je m’en vais de ce pas écrire à ma collègue ministre de la Justice, pour diligenter votre dossier ». Il lui laisse entendre que cela ne se fera pas sans contrepartie. Rendez-vous est pris, et malgré ses réticences, Sophie finit par céder aux avances de celui qui dira ensuite qu’il admet avoir « été léger » en envoyant des « SMS un peu lourds » et même qu’il est « sans doute un sale con ». Car Gérald, ayant obtenu ce qu’il voulait, tarde à écrire la fameuse lettre, qu’il finira par envoyer à Michèle Alliot-Marie qui a succédé à Rachida Dati. Mais Sophie se plaint auprès du parti, et va finir par déposer une plainte pour viol, après que son mari ait lui-même écrit au garde des Sceaux pour dénoncer l’attitude du ministre des comptes publics, fraîchement nommé. La première enquête sera abandonnée faute du témoignage de Sophie, encore indécise sur la conduite à tenir, mais le dossier vient de s’ouvrir à nouveau, avec cette fois la participation de la plaignante.
Logiquement, le ministre aurait dû démissionner pour préparer sa défense selon la jurisprudence du gouvernement actuel dans les affaires de Jean-Pierre Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez ou Sylvie Goulard. Au contraire, Gérald Darmanin porte plainte pour dénonciation calomnieuse et obtient le soutien du Premier ministre. Deux hypothèses pour expliquer ce fait. Être accusé de piocher dans la caisse est plus grave que d’obtenir des faveurs sexuelles sans le consentement de la personne concernée. Ou bien, ce qui est intolérable quand il s’agit d’un metteur en scène, un producteur ou un acteur réputés, est considéré comme mineur pour un homme politique, spécialement quand il est membre du gouvernement. La présomption d’innocence s’appliquerait dans un cas et pas dans l’autre. Ou encore, et je crains bien que ce soit la véritable morale de cette fable, la parole d’une personne qui a fait commerce de ses charmes ne peut pas être entendue et elle est donc disqualifiée.
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