Le monde est fou, fou, fou
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 27 janvier 2018 11:03
- Écrit par Claude Séné
Il aura suffi d’une promotion sur une célèbre marque de pâte à tartiner dont je tairai le nom pour ne pas faire de publicité au Nutella, pour que les consommateurs, appâtés par le distributeur Intermarché, se ruent sur les fameux pots au point d’en venir aux mains pour se disputer un produit emblématique de la malbouffe. Il faut dire que la réduction était impressionnante : 70 %, soit 1,41 euro le pot de 950 grammes, au lieu des presque 5 euros le kilo en temps normal.
Ce qui veut dire que le produit de monsieur l’ambassadeur Ferrero est vendu habituellement à un prix exorbitant ne reflétant nullement sa valeur réelle, puisque la vente à perte est interdite en France. J’en déduis que les 70 % abandonnés exceptionnellement pour cette opération sont d’ordinaire extorqués aux consommateurs pour une marge très confortable. Des consommateurs dont le goût est suffisamment perverti pour réclamer et payer fort cher un aliment dont la principale caractéristique est d’être composé pour moitié de sucre et pour près d’un tiers de graisse. Pour autant que l’on puisse le savoir, car le fabricant garde un secret jaloux sur la composition exacte de son produit. Dernièrement, il a augmenté le pourcentage de lait écrémé sans en informer ses clients, par exemple.
Non seulement le Nutella va à l’encontre des préceptes de santé publique de manger moins gras et moins sucré, mais il utilise de l’huile de palme, décriée pour ses effets sur l’environnement et accusée de contribuer à la déforestation planétaire. Le fabricant se défend en revendiquant le label d’une huile « durable » et en mettant l’accent sur sa résistance à la chaleur. Cela n’enlève rien aux soupçons de l’agence européenne de santé alimentaire qui affirme que l’huile de palme est potentiellement cancérigène. Cela fait beaucoup de raisons pour éviter au moins d’abuser d’un produit possiblement dangereux où le sucre est vendu au prix du caviar. Le problème, c’est que nous en sommes à la deuxième ou troisième génération de consommateurs. Les parents, qui ont souvent été eux-mêmes biberonnés au Nutella, ne voient pas le mal qu’il y aurait à transmettre cette funeste addiction à leur progéniture. Une remarque qui vaut également pour le coca-cola ou le hamburger, deux redoutables concurrents sur le front du sucre et du gras. Ferrero n’est sûrement pas près d’abandonner son fleuron commercial, dût-il y sacrifier la santé de toute une population, quand on sait que le seul Nutella lui rapporte 20 % de son chiffre d’affaires, soit la coquette somme de 1,7 milliard en 2014. Personnellement, je veux bien être bonne pâte, mais il y a des limites.
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