Un revenant
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 6 novembre 2017 10:50
- Écrit par Claude Séné
Qui l’aurait cru ? C’est au beau milieu du scandale déclenché par l’affaire Harvey Weinstein qu’a réapparu celui qui l’a précédé dans la voie de l’abus de pouvoir à visées sexuelles, Dominique Strauss-Kahn. On aurait pu imaginer que DSK se contenterait de filer le parfait amour avec sa nouvelle compagne, dont on espère qu’elle a le cœur bien accroché, mais il a suffi qu’un journaliste se croie obligé de lui demander son avis sur tout et n’importe quoi pour qu’il pense être tenu de le donner.
Déjà, il y a un mois, il avait profité d’une cérémonie d’hommage à l’ancienne ministre Nicole Bricq pour envoyer une « carte postale » et se rappeler au bon souvenir des Français, qui l’ont apparemment totalement oublié, à juste titre, me semble-t-il. C’est donc dans une sorte de mémoire d’outre-tombe que DSK veut décerner les bons et les mauvais points. Contredisant l’expression qui veut que l’on ne tire pas sur une ambulance et à plus forte raison sur un corbillard, il enterre allègrement sa famille, en appelant de ses vœux la disparition du Parti socialiste, au profit d’une formation du centre gauche. Comme dans le même temps il conseille à Emmanuel Macron d’être à la fois de gauche et de droite, en lui prédisant la réussite sous cette condition, on ne sait plus à quel saint il voudrait se vouer. Tout comme Manuel Valls, DSK se comporte comme un désespéré qui souhaite disparaitre à condition d’entrainer tout le monde dans sa perte. Le risque, c’est qu’il rate son suicide après avoir réussi à tuer sa famille.
Jean-Paul Sartre parlait déjà de la gauche comme d’un grand cadavre à la renverse en 1960. Et cependant, les valeurs qu’elle défend, ses idéaux de justice sociale, ont survécu aux avatars des formations politiques qui les ont incarnés. Les militants, les sympathisants, les électeurs ont malheureusement souvent été déçus par les décisions mises en œuvre au sommet quand elle a exercé les responsabilités. Cependant, ce serait à mon avis un contresens historique d’abandonner les objectifs sous prétexte que leur mise en œuvre n’a pas été effective. Je ferais volontiers mienne la phrase de Coluche qui affirmait que « ce n’était qu’un combat, il fallait continuer le début » à propos du soulèvement populaire de 1968. Cela fait trop longtemps que la gauche s’efforce de gagner les élections et de perdre les électeurs en faisant l’inverse de la politique annoncée. Et si DSK n’avait pas été « arrêté en plein vol comme un lapin » selon la formule de Thierry Roland, sa politique n’aurait été guère différente de celle d’un Macron, ou d’un Valls, au nom d’un pragmatisme destructeur. Qu’il retourne donc à sa retraite marocaine, qu’il n’aurait jamais dû quitter.